Visuel étude culturelle

L’UNIL publie la première étude mondiale sur la durabilité dans les institutions culturelles

Des scientifiques ont mené une enquête internationale auprès de plus de 200 institutions. Résultat : il existe une marge de progression importante.

28.2.2024

Des scientifiques de l’Université de Lausanne (UNIL) ont lancé une large enquête internationale afin de dresser un état des lieux des avancées des institutions culturelles dans le domaine de la durabilité sociale et environnementale. Résultat : il existe une marge de progression importante.

Cette enquête a été menée sous forme de questionnaire auprès de 206 musées, théâtres et opéras de premier plan, présents sur tous les continents. Les sondés ont été évalués selon des critères allant de l’inclusivité et du bien-être des employé·e·s (aspects sociaux), à la gestion des déchets, de l’énergie, la restauration ou l’impact carbone (environnement).

Les résultats, publiés dans la revue scientifique Sustainability: Science, Practice and Policy, ont montré que pour 60% des sondés, les questions de durabilité n’ont été intégrées à leur stratégie que dans les cinq dernières années, voire moins. En moyenne, les organisations culturelles ont obtenu 37 points sur les 100 possibles dans le score de durabilité, faisant mieux en matière de durabilité sociale qu’en matière de durabilité environnementale. De manière globale, le secteur est donc à un stade relativement peu avancé dans ce domaine. « S’il y a beaucoup de déclarations, la mise en œuvre ne suit pas », constate Martin Müller, le professeur de l’UNIL qui a dirigé la recherche.

Champions de la durabilité

L’étude a tout de même identifié 14 champions de la durabilité. Parmi eux, les Galeries nationales d’Écosse et l’Opéra de Sydney, mais aussi Universcience – qui regroupe le Palais de la Découverte et la Cité des sciences et de l’Industrie – à Paris. En Suisse, six institutions ont été analysées et elles se situent dans la moyenne. L’étude garantissait l’anonymat des institutions participantes, seuls les meilleurs performeurs ayant donné leur consentement explicite sont donc mentionnés.

Julie Grieshaber et Martin Müller, de l’UNIL, autrice et auteur de l’étude. Crédit: UNIL

Les institutions au top du classement se démarquent notamment par le fait qu’elles aient inscrit les questions de durabilité dans leur stratégie globale, et engagé un groupe interne dédié, qui milite pour et coordonne des actions en faveur de la durabilité. Le contexte national et les décisions politiques semblent également jouer un rôle. « En Angleterre, par exemple, les institutions bénéficiant de financements publics à travers le Arts Council sont tenues de fournir un rapport sur les questions de durabilité », commente Julie Grieshaber, co-autrice de l’étude.

Les scientifiques de l’UNIL vont continuer leur travail d’analyse. L’idée est notamment de créer une alliance mondiale d’institutions culturelles consacrée à la durabilité et un label pour mieux structurer les efforts en ma ère de durabilité. Pour ce faire, le prof. Martin Müller vient d’obtenir un financement important pour un programme qui promeut l’innovation pratique basée sur la recherche scientifique.