L’ORC dévoile son étude sur les parcours des artistes
L’Observatoire romand de la culture présente son étude « Parcours des artistes en Suisse romande : ressources et étapes clés ». Cette enquête illustre la complexité et les défis auxquels font face les créateur·ice·s·.
Organisation pionnière en Suisse romande, l’Observatoire romand de la culture (ORC) a pour mission de documenter la situation des institutions et des acteur·rice·s culturel·le·s de Suisse romande, d’en décrire les défis et de cerner les enjeux actuels et futurs des politiques publiques.
C’est dans cette perspective que l’ORC publie son étude « Parcours des artistes en Suisse romande : ressources et étapes clés ». Quels sont les éléments qui accélèrent ou, à l’inverse, freinent une carrière ? Quelles ressources financières, matérielles et sociales sont mobilisées ? Cette analyse met en lumière les enjeux auxquels les créateur·ice·s sont confronté·e·s tout au long de leur vie professionnelle. Quelque 600 personnes ont répondu au questionnaire élaboré par l’ORC.
L’analyse démontre que la pluriactivité apparaît comme une pratique très répandue. Les artistes consacrent en effet un temps important à leur pratique créative, tout en jonglant entre diverses sources de revenus. À cette réalité s’ajoutent des démarches administratives, rarement rémunérées, nécessaires pour obtenir financements et opportunités.
« Je travaillais toujours à côté (…), je dépensais pour le cinéma, j’ai failli perdre ma maison deux fois. »
Une réalisatrice
Ainsi, les artistes doivent développer une gamme étendue de compétences. Par exemple, 82% d’entre elles·eux consacrent au moins 5 heures par semaine à la gestion de projets, dont 42% plus de 10 heures et 23% plus de 20 heures. Cette polyvalence amène nombre d’entre elles·eux à devenir de véritables entrepreneur∙euse∙s.
Importance du réseau
L’enquête étaye en outre l’importance de la pluridisciplinarité. Cette pratique permet de développer des compétences variées, de diversifier les réseaux et d’accroître la visibilité. En revanche, elle pose aussi des défis tels que l’accès aux ressources spécifiques de chaque domaine artistique ou le maintien d’un équilibre entre spécialisation et exploration. Par ailleurs, les dispositifs de soutien, souvent peu adaptés aux projets pluridisciplinaires, ajoutent des contraintes administratives.
En termes de formation, les personnes interrogées ont en grande majorité bénéficié d’une cursus professionnel artistique complet, soulignant l’importance des filières institutionnelles. Près de la moitié notent l’influence de la formation dans la reconnaissance professionnelle.
L’étude met en évidence le rôle central du réseau professionnel comme facteur clé de développement de carrière dès l’entrée dans la vie professionnelle. L’accès aux ressources financières et aux opportunités repose largement sur la capacité des artistes à tisser et entretenir des relations professionnelles. La forte valorisation de l’approbation des pairs souligne l’importance des autres artistes dans cet écosystème. Les institutions et entreprises culturelles apparaissent comme les organisations les plus influentes dans le développement des carrières artistiques, suivies par les collectivités publiques.
La parentalité : un défi
A noter également que 71% des répondant·e·s n’ont pas eu recours aux prestations de chômage au cours des deux dernières années, soit par absence de besoin, soit par impossibilité d’y accéder. Par ailleurs, plus de la moitié des personnes interrogées n’ont jamais interrompu leur activité au cours de leur carrière.
Enfin, la parentalité constitue un défi majeur pour les artistes, qui doivent concilier leurs responsabilités familiales avec les exigences de leur métier et leurs besoins financiers. 80% des répondant·e·s éprouvent des difficultés à gérer travail et garde d’enfants. Les horaires irréguliers, combinés aux coûts élevés de garde d’enfants et au manque de structures d’accueil adaptées, compliquent la conciliation entre vie privée et professionnelle.